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                  La volonté affichée par Picq en rédigeant ce travail était, dit-il, de tenter de reconstituer quelque chose qui n'a jamais été fait : l'histoire de la coercition sexuelle que pratiquent les hommes envers les femmes. A quand celle-ci remonte-t-elle ? Au néolithique, qui change considérablement la vie et la société humaine ? Au Mésolithique qui le précède et voit la fin des sociétés préhistoriques ? Ou bien avant encore ? 

                  Pascal Picq commence son étude en consacrant plus d'un quart de son ouvrage à l'étude du comportement des mâles envers les femelles chez les singes et les grands singes. Avant de tenter de trouver une réponse chez les humains.

                  A de très nombreuses reprises, Picq mentionne l'existence d'une société de grands singes (les bonobos) et de quelques sociétés humaines traditionnelles où il n'y a pas ou très peu de coercition, pas de domination masculine. Mais cela ne l'empêche pas de conclure, presque systématiquement, chaque angle d'étude, en disant que toutes les sociétés humaines sont coercitives. 

                  On peut croire Picq lorsqu'il affirme que ce sont les hommes qui ont poussé le plus loin la coercition sexuelle envers les femmes, en ajoutant aux coercitions plus ou moins violentes que mènent singes et grands singes - encore une fois, à l'exception des bonobos-, des aspects psychologiques, moraux et idéologiques pour prétendre justifier cette coercition. Mais il n'empêche que des exceptions existent qui interdisent d'affirmer une généralité absolue.

                  Au passage, Picq reprend pour le critiquer de manière bienveillante, le travail de la philosophe et militante féministe allemande Göttner-Abendroth, Les Sociétés matriarcales : Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde (2019). Travail que celle-ci semble avoir complété et précisé, y compris en réponse aux critiques de Pascal Picq, dans son dernier ouvrage Sociétés matriarcales du passé et émergence du patriarcat. Asie occidentale et Europe (2025), dont nous avons également des extraits.

                  Les travaux qui se veulent scientifiques sur cette question de la domination masculine sont assez rares pour être soutenus et mis en avant. Ils méritent d'être lus et étudiés, même si ces études n'en sont qu'à des débuts qui posent nombre de questions.

                  C'est dans ce livre de Pascal Picq, paru en 2023, que se trouve le passage cité dans la Lutte de Classe n°233 (juin 2023), et sur lequel Lutte Ouvrière s'appuyait pour dire que la position de Picq était politique et pas scientifique, et que donc, ils y répondaient en faisant de même. (cf Des chasseurs-cueilleurs aux villes sans Etat, E60 sur le site)

 

En finir avec les nationalismes nous donne d'abord une vision globale de l'évolution du capitalisme, des origines à nos jours, assez simple à lire, en en soulignant les traits essentiellement nouveaux pour chacune des grandes périodes.

Le cœur de cet ouvrage s'attaque à la question des idées d'ordre nationaliste, qu'ont les masses populaires, en lien avec leur situation et celle de leur pays, et leur évolution selon les diverses époques dans l'histoire du capitalisme. 

Heide Goettner-Abendroth est une philosophe allemande qui s'est spécialisée dans la recherche et l'étude des sociétés matriarcales. Elle a été beaucoup critiquée, en partie du fait qu'elle prend pour hypothèse que les premières sociétés humaines ont été matriarcales. 

Pour elle, ce terme ne signifie pas un équivalent féminin du patriarcat, une domination par les femmes sur les hommes. Il signifie simplement une absence de domination masculine, une société égalitaire et qui, sur le plan politique, s'appuie sur un consensus, et pas seulement sur une majorité. 

Mais cette hypothèse, bien que ne pouvant effectivement pas être prouvée scientifiquement à ce jour, lui permet de former un récit construit et cohérent, basé sur une description riche d'exemples qui, eux, ont bien été observés, en Asie occidentale et en Europe.

Si certains points, comme le passage au patriarcat, demandent à ce que leur étude soit poursuivie et complétée, cette lecture apporte un point de vue novateur sur les sociétés humaines et leurs passés. Un point de vue que le paléoanthropologue Pascal Picq juge positif sur de nombreux plans, dans son Et l'évolution créa la femme.

            Rédigé par une scientifique américaine qui s'est passionnée pour de nombreux domaines, c'est ici un livre long, mais qui reste passionnant tout du long. On découvre que pratiquement tous les aspects du corps humain trouvent des différences selon que l'on est du sexe masculin ou féminin. On y apprend pour commencer quand, comment, dans quel univers, les seins sont apparus, qui était la première Eve du sein. Et ainsi de suite, pour ce qui concerne la perception, la marche, le langage, jusqu'à, évidemment, la sexualité humaine et son évolution

            Surtout, et c'est un peu la thèse du livre, on comprend à quel point l'évolution chez notre espèce, Homo sapiens, a fabriqué une situation où se reproduire, accoucher d'un enfant, pose des problèmes considérables, est quelque chose de dangereux. Et qu'il nous a fallu, très tôt, mettre au point des techniques, des comportements dans notre société, pour limiter les risques de voir la mère et/ou l'enfant, mourir lors de l'accouchement. On saura au passage que si le spermatozoïde est minuscule en comparaison de l'ovule féminin, c'est que seul l'ovule comprend les matières premières qui vont lancer toute la fabrication du corps du petit d'humain. 

            L'auteur a une vision sociale, pour ne pas dire socialiste, des relations entre hommes et femmes. Après avoir expliqué pourquoi les femmes vivaient plus longtemps que les hommes, elle écrit : "Nous vivons plus longtemps que nos frères, nos maris, que nos amants et que nos amis. Nous devons continuer à vivre, nous toutes, et les regarder partir". 

            Enfin, pour montrer à quel point serait modifiée dans un sens très positif une société qui donne plus de place aux femmes, notamment dans les postes de décision, elle prend l'exemple de l'âge d'or de l'Islam, au Moyen Age : une société qui a prospéré, a brillé par sa culture et ses travaux scientifiques, en même temps qu'elle traitait à égalité filles et garçons en ce qui concerne l'éducation et la formation intellectuelle. 

 

            En deux dizaines de pages, celle ou celui qui souhaite avoir un paysage actualisé de la société française, de sa composition sociale, cette lecture est bienvenue. Malgré un jargon de sociologues, on comprend tout à fait ce que disent les très nombreuses analyses sur lesquelles s'appuie l'auteur ; on a en a une liste à la fin du texte. On dispose également d'un tableau complet et récent des classes sociales en France (page 7). Un des intérêts est que l'ouvrage aborde la psychologie des diverses strates de la société, comment chacune voit et appréhende ses voisines, au-dessus ou en-dessous. 

            Evidemment, la question du recul du monde ouvrier est abordée, chiffrée, analysée. Selon les chiffres officiels (récapitulés dans le tableau page 7, ouvriers (20%) et employés (27%) totalisent près de la moitié des personnes actives. Le nombre des ouvriers non qualifiés est passé de 2,5 millions à 1,1 million entre 1975 et 1999. 

            Certes, une partie des personnes comptabilisées par l'Insee comme employés (comme les caissières de grandes surfaces) peut tout à fait être considérée comme du monde ouvrier. Mais c'est aussi sur la base de ce genre de chiffres et d'analyses que l'on peut correctement réfléchir à un avenir socialiste. 

Un petit livre sur l'évolution du féminisme et ses questions actuelles. On trouve dans l'introduction un historique intéressant sur les combats féministes et leur progression de domaine en domaine. L'auteure réussit à exprimer les réalités des sentiments de la vie la plus intime que nous pouvons ressentir. Et on apprécie une absence d'aigreur envers la gent masculine (même si elle serait compréhensible). 

L'ensemble nous offre une manière de voir plutôt positive, qui envisage la situation présente comme un progrès important, même s'il est incomplet (l'auteure précise qu'elle ne parle que des femmes occidentales), et qui indique la direction prise comme allant vers un avenir meilleur (même si tout peut se discuter).

Plus qu'une réflexion, une découverte basée sur le lien enfin réalisé entre les sociétés humaines, leur passé et nos fondements biologiques

Une histoire des migrations qui, de fait, est une riche - mais souvent damatique- histoire de l'humanité elle-même

Une analyse de l'histoire du peuple juif, des origines jusqu'au 20è siècle, qui remet la religion à sa place, et démontre que la place dans l'économie suffit largement à expliquer la particularité de sa situation, ainsi que les problèmes qu'il rencontre à l'heure du capitalisme moderne.

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