… depuis une dizaine d'années, Bolloré veut aller plus loin que les autres. Il veut nous gagner, en plus, à ses croyances personnelles. Il veut utiliser ses radios, ses télés, ses bouquins et ses journaux pour que nous soyons des millions à croire comme lui. Et ses croyances, ce sont celles des catholiques intégristes. Il le dit : "Si je ne crois pas en quelque chose, je ne le mets pas sur mes antennes". Pour un de ses présentateurs, "la religion chrétienne est chez elle en France !" Sa chaîne CNews explique, du matin au soir et du soir au matin, que la France est un pays qui va mal, très mal ; et si cela va mal, c'est parce que l'on manque d'ordre et de croyance en Dieu. Et la seule religion qui vaille, c'est la catholique…
Son nom ne se voit dans aucune de ses marques, de ses journaux, de ses télévisions, de ses sociétés : Canal +, C News, Europe 1, Le Journal du Dimanche, les magasins Relay. Tout cela, et bien d'autres choses encore c'est lui. C'est lui qui avait embauché Cyril Hanouna sur C8, en le payant 35 millions d'euros par an. Lui, c'est Vincent Bolloré.
Bolloré n'est pas le seul milliardaire qui se paye des journaux, des télévisions. En France, on connait la famille Bouygues dans le bâtiment : elle possède TF1, LCI, TMC, TFX. Le milliardaire Bernard Arnault est dans le luxe, avec LVMH : il s'est payé Le Parisien, Paris Match. Xavier Niel, qui détient Free, est dans Le Monde, l'Obs. Rodolphe Saadé possède les gros cargos CMA-CGM, mais aussi BFM, RMC, La Tribune. La famille Dassault, avec ses avions de guerre, tient le Figaro, Gala.
Tous, ils ont acheté des grands moyens d'information, parce qu'ils savent que c'est un super moyen de se donner une belle image. Si un journaliste ose faire une critique sur ce qui se passe dans le monde du patron, il ne fait pas long feu. Si au contraire, il en dit du bien, il peut espérer une promotion. Et puis, quoi de mieux qu'une chaine de télévision pour nous répéter ce qu'ils pensent, heure après heure, jour après jour, et peser sur notre manière de réfléchir. Il suffit aux patrons de choisir les principaux journalistes : ensuite, à eux de choisir de quoi ils parlent, et surtout comment présenter les choses.
Tous, ils utilisent leurs moyens d'information pour justifier tout leur système, le capitalisme, dont ils profitent. Ils font tout pour éviter que nous en voyons clairement le fonctionnement, les défauts. Ils n'hésitent pas à dénoncer tel ou tel mauvais fonctionnement, telle ou telle injustice. Mais ils le font toujours en séparant soigneusement les problèmes. Comme si ces problèmes n'avaient pas de rapport entre eux. Alors que la plupart des aberrations, la majorité des drames, sont dus aux mêmes règles, celles de leur monde capitaliste : la concurrence partout, la recherche du profit avant tout.
Bolloré, comme les autres, s'est fait du fric en trichant, en corrompant : en Afrique, il achetait des ministres, qui lui offraient en échange les ports de leur pays. Après quoi, il les remerciait en leur offrant de belles places dans ses sociétés.
Mais, depuis une dizaine d'années, Bolloré veut aller plus loin que les autres. Il veut nous gagner, en plus, à ses croyances personnelles. Il veut utiliser ses radios, ses télés, ses bouquins et ses journaux pour que nous soyons des millions à croire comme lui. Et ses croyances, ce sont celles des catholiques intégristes. Il le dit : "Si je ne crois pas en quelque chose, je ne le mets pas sur mes antennes". Pour un de ses présentateurs, "la religion chrétienne est chez elle en France !" Sa chaîne CNews explique, du matin au soir et du soir au matin, que la France est un pays qui va mal, très mal ; et si cela va mal, c'est parce que l'on manque d'ordre et de croyance en Dieu. Et la seule religion qui vaille, c'est la catholique.
Monsieur Bolloré peut croire en ce qu'il veut. Il peut, comme tout le monde, dire ses idées autour de lui. Mais le système capitaliste lui permet, à lui, et pas à nous, de toucher les têtes des gens par millions. Même si nous ne regardons ni ses télés, ni ses journaux, comment savoir si l'argument d'un voisin, d'un ami, d'un collègue, vient peut-être de lui.
Ce système donne le vrai pouvoir à des gens comme lui, parmi les plus riches des riches. Et nos votes comptent finalement bien peu à côté, en face des moyens énormes entre les mains de ces puissants.
Si les choses ne changent pas, si elles ne peuvent pas changer sur le fond, c'est que leur système, le capitalisme, nous enlève, à nous, population, le vrai pouvoir de décider, de changer les choses, ne nous laisse qu'un petit bulletin de papier, une fois de temps en temps. Mais celles et ceux que nous pouvons élire sont pris à leur tour dans des énormes administrations, les machines du pouvoir des riches. Voilà pourquoi changer les choses est devenu illusoire, impossible. On ne peut plus compter sur le seul vote.
Notre seule force, en bas, est dans notre nombre. Si chacun se met à faire circuler l'idée que c'est le système capitaliste qu'il faut changer, si cette idée se répand, elle peut devenir une force nouvelle qui s'impose. Cela est bien sûr difficile au début. Cela va prendre du temps. Mais lorsqu'une idée finit par montrer qu'elle est juste, qu'elle est vraie, elle peut gagner à toute vitesse. Elle peut devenir un vent nouveau, qui balaie les anciennes règles, les vieilles pratiques, tout leur monde d'injustices.