412- RESISTANCE ! contre leur monde de désespoir

     ... Leurs informations, jour après jour, sont affreuses, accablantes. Comme si elles étaient destinées à nous faire croire qu'il n'y a rien à attendre de l'humanité. Qu'il vaut mieux abandonner toute indignation, et tout accepter sans broncher. Mais si nous savons regarder autour de nous, nous pouvons voir des gestes humains, des attitudes généreuses, au quotidien, chez bien des gens les plus simples...

            La France a déjà connu un régime où l'on a peur. Peur pour le sort de certains dans la population, même de gens que l'on connaît, peur pour soi-même, peur de parler, de dire ce qu'on pense alors qu'on trouve insupportables les décisions du gouvernement. 

            Les journaux tous aux ordres du pouvoir, la justice même qui a peur et juge en suivant les discours du régime, voilà ce qu'il n'est pas impossible de vivre dans la période qui vient. 38 millions de Polonais l'ont vécu pendant 11 ans, 10 millions de Hongrois le vivent depuis 15 ans. Bien d'autres pays ne sont pas à l'abri. Parmi eux, la France, qui a connu cela au début des années 1940.

            Partout, les dirigeants ont alors utilisé les mots Démocratie, Justice, Liberté, mais en réalité, ils ont fait le contraire. 

            Que faire si, avec le mot Démocratie, on nous oblige à accepter les idées des plus forts, on nous fait vivre dans la peur de parler ? Que faire si, au nom du Peuple, on réprime durement les opposants, ou la minorité. Si, au nom du bien des Français, on fait la chasse aux musulmans, aux émigrés. 

            Que faire si, au nom de l'amour des Femmes, on leur reprend la place et les droits qu'elles ont eu tant de mal à obtenir ? Si, au nom d'une Justice nouvelle, on appelle Liberté celle de laisser libres les renards d'aller manger les poules ? 

            Il est difficile de rester seul, avec des idées qu'on n'entend plus chez les autres. Quand l'ambiance tourne à l'autorité, il devient difficile de garder des idées de solidarité, de générosité et de partage. C'est difficile, mais c'est possible. 

            La première attitude est de se protéger. En cherchant, au fond de soi-même, à consolider les raisons pour lesquelles on a depuis longtemps choisi de préférer la solidarité à l'égoïsme. En renforçant sa conviction que les gestes les plus humains sont nécessaires, pour le respect des autres, mais aussi pour le respect de soi-même. En n'oubliant pas les gestes de douceur quand le climat est à la force brute.

            On peut aussi se chercher des alliés. Mais dans un climat hostile, il faut procéder avec précaution, avec une personne à la fois. On doit même faire attention, avec ceux qu'on aime, dans la famille, avec les amis. Dans un climat étouffant, mieux vaut commencer par une parole qui semble banale, qui ne va pas nous engager, et bien regarder la réaction. Ensuite, petit à petit, on peut établir une relation de confiance. Et de proche en proche, en prenant le temps nécessaire, on peut peut-être aller jusqu'à construire un réseau de personnes qui résistent.

            On peut se dire qu'un jeune sera plus disposé à entendre des idées de justice, de liberté, d'indignation. Quelqu'un de plus âgé risque d'être trop habitué à obéir, à accepter. Mais ce peut être aussi quelqu'un qui a une expérience d'une forme de résistance.

            On peut au moins rester seul, et rester propre. Réfléchir aux attitudes à avoir avant d'être surpris. On peut même agir seul. Ecrire sur un mur, jeter des textes sur papier au-dessus d'une foule, s'arranger pour ne pas être pris ou vu.

            Et si on côtoie une personne en danger, on peut chercher à lui porter aide et assistance ; toujours avec discrétion.

            On n'oubliera jamais, même si cela ne se voit pas, que l'on n'est pas seul. Que l'on n'est pas seul à se sentir seul. Les régimes autoritaires ont tous eu des opposants, clandestins ou déclarés. L'homme a un besoin vital de liberté, d'humanité et de douceur. 

            Sans attendre un tel régime, on peut, on doit se forger une résistance à bien des idées, bien des valeurs, que le monde capitaliste met en avant, aujourd'hui déjà. 

            Leurs informations, jour après jour, sont affreuses, accablantes. Comme si elles étaient destinées à nous faire croire qu'il n'y a rien à attendre de l'humanité. Qu'il vaut mieux abandonner toute indignation, et tout accepter sans broncher. Mais si nous savons regarder autour de nous, nous pouvons voir des gestes humains, des attitudes généreuses, au quotidien, chez bien des gens les plus simples.

            Il ne faut pas seulement s'indigner que le PDG de Stellantis (Peugeot, entre autres), soit rémunéré 36 millions d'euros en un an, pendant que 800 personnes meurent de froid dans la rue. Il faut essayer de comprendre leur système, d'y réfléchir. Et si nous ne comprenons pas, garder notre instinct d'humanité.  

            On peut cultiver en nous l'espoir : une vie vraiment humaine est possible. Tant qu'un être humain aura cette conviction en lui, cette possibilité sera la hantise de ceux qui nous dominent, et restera vivante.

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