407- Générosité : une qualité humaine toujours présente

La solidarité, l'entraide, ne comptent pas dans la logique du monde actuel. C'est l'argent, la force aussi, qui comptent. D'ailleurs, on nous le répète : rien n'est gratuit !  Mais ce n'est pas vrai. Des gestes généreux, et même des travaux gratuits, il y en a beaucoup. En France, un quart des personnes retraitées sont engagées dans une association, et y travaillent comme bénévoles, pour aider les autres, pour apporter du réconfort...

            Des milliers, peut-être même des dizaines de milliers de personnes, sont venues à pied, faisant des kilomètres, pour secourir, aider, des villages, des quartiers qui ont souffert de pluies incroyables qui ont tout ravagé. Voilà ce qu'il s'est passé en Espagne. 

            Le premier jour où on a vu cela, le gouvernement a demandé aux gens d'arrêter de venir, soi-disant pour laisser passer les secours qu'il devait envoyer : 1000 soldats étaient prévus. Mais le lendemain, c'est dix fois plus de jeunes, de retraités, de familles, qui sont venus, car tous se rendaient compte que les secours étaient très insuffisants. 

            Equipés de seaux ou de balais pour repousser la boue, ou portant des packs d'eau, des sacs de conserves, ou venus simplement avec leurs bras pour aider, des files incroyables de gens, pendant des heures, sont arrivées, des gens qui n'avaient pas subi la catastrophe alors que d'autres en étaient écrasés. 

            Devenant ridicule devant cet immense élan populaire, le gouvernement a alors décidé d'envoyer 10 000 soldats, et de mettre des bus à la disposition des celles et ceux qui, de toute façon, avaient décidé de venir apporter leur aide.

            Il y aurait de quoi dire et entendre, sur tous ces gens simples, sur cette solidarité qui a fait bouger tant de monde. On pourrait leur demander de parler. On serait heureux d'entendre qui ils sont, comment ils se sont décidés à sortir de leur confort, de leurs habitudes, de leurs obligations. Et les entendre dire comme cela peut faire du bien lorsqu'on peut se rendre vraiment utile, donner un peu de soi, gratuitement, et sûrement aussi, faire un peu connaissance avec ceux que l'on a secourus, sans les connaître avant. 

            Il y aurait de quoi faire des reportages chaleureux pendant des heures et des heures. Mais les chaines d'info ne s'intéressent pas à la solidarité. Quelques images et puis c'est tout. Alors qu'elles sont capables de rester des journées entières sur un viol, un crime, des violences de jeunes. Elles préfèrent nous montrer et remontrer les images des carcasses de bagnoles. Mais les bagnoles n'ont rien à nous dire. 

            Le monde où nous vivons n'est pas habitué à montrer la solidarité, les attitudes gratuites, les comportements généreux. Pourtant, ils existent.

            Si on y réfléchit un peu, on a tous vu ou vécu un moment ou un autre, une manière de faire désintéressée, une aide qui fait plaisir. Mais cela est rarement relevé, et on n'en parle pas. Nos esprits sont pleins, par contre, de ces images de violence, de conflits, de guerres.

            La solidarité, l'entraide, ne comptent pas dans la logique du monde actuel. C'est l'argent, la force aussi, qui comptent. D'ailleurs, on nous le répète : rien n'est gratuit ! 

            Mais ce n'est pas vrai. Des gestes généreux, et même des travaux gratuits, il y en a beaucoup. En France, un quart des personnes retraitées sont engagées dans une association, et y travaillent comme bénévoles, pour aider les autres, pour apporter du réconfort. 

            Il n'y a pas que les vieux qui éprouvent ce besoin. Chez les jeunes aussi, nombreux sont ceux qui font le choix d'ajouter à leur activité obligatoire un moment pour se rendre utile, en participant à un organisme, à une forme d'entraide. Ils ne cherchent pas l'argent, mais quelque chose de bien plus important : un sens à ce qu'ils font. Le nombre de jeunes de 25 à 34 ans qui se font bénévoles a presque doublé entre 2019 et 2022, il est passé de 10% à 18%. 

            Mais cela non plus n'intéresse pas les médias. En fait, il y a un choix qui est fait : c'est de nous montrer, presque uniquement, ce qui accable, ce qui écrase, ce qui nous oblige à accepter les choses comme une fatalité. 

            Eh bien, malgré ce matraquage, on peut voir, de temps à autre, la preuve que les sentiments gratuits, de générosité, de solidarité, sont toujours là. N'en déplaise au monde du fric et de l'égoïsme, qui ne voudrait surtout pas changer. 

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