406- Insécurité : nos émotions et ceux qui en profitent

            L’insécurité : on nous en parle jour après jour. Chaque crime, chaque viol ajoute à l’indignation. Il y a de quoi penser que, vraiment, ça ne va plus : c’est de plus en plus grave, il faut plus de police, il faut que la justice soit plus sévère. 

            Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que certaines choses ne collent pas. Si on veut mesurer l’aggravation qu’on ressent, on trouve des chiffres sur les sites du Ministère de l’Intérieur. Eh bien, le nombre d’homicides -de personnes tuées volontairement- est d’environ 1000 par an, depuis le début des années 2020. Et il était de 1600 en 1996. Il n’a pas augmenté, il a baissé ! 

L’insécurité : on nous en parle jour après jour. Chaque crime, chaque viol ajoute à l’indignation. Il y a de quoi penser que, vraiment, ça ne va plus : c’est de plus en plus grave, il faut plus de police, il faut que la justice soit plus sévère. 

            Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que certaines choses ne collent pas. Si on veut mesurer l’aggravation qu’on ressent, on trouve des chiffres sur les sites du Ministère de l’Intérieur. Eh bien, le nombre d’homicides -de personnes tuées volontairement- est d’environ 1000 par an, depuis le début des années 2020. Et il était de 1600 en 1996. Il n’a pas augmenté, il a baissé ! 

            Bien sûr, il n’a pas baissé d’un coup, il y a eu des moments de remontée puis de baisse. Mais au total, il y a eu une baisse très nette sur une trentaine d’années. Pourquoi ne nous le dit-on pas ?

            Les journaux, leurs journalistes, sont indignés. Mais que vaut leur indignation ? Plus ils crient fort, plus ils en rajoutent, plus ils espèrent nous attirer : chaque minute de plus que l’on passe devant un écran, c’est une minute comptabilisée. Et plus nous passons de temps à regarder, à écouter, plus la chaîne peut faire payer plus cher les publicités, par les sociétés qui vantent leurs produits, et plus la chaîne s’enrichit. Alors, dès qu’un crime odieux a lieu, c’est la course à celle qui va en faire le plus possible.

            Ensuite, ce sont les politiques qui s’y mettent. Ils savent qu’il va y avoir une indignation dans la population. Les politiciens dans l’opposition veulent se faire élire pour arriver au pouvoir. Eux vont accuser ceux qui sont en place. Du coup, ceux qui sont en place vont essayer de se montrer indignés les premiers, avant les autres. Bref, tous cherchent à nous émouvoir, pour en tirer du fric ou du pouvoir.

            Mais en réalité, non, la hausse énorme de la criminalité n’existe pas. C’est le matraquage, répété et répété, affaire après affaire, année après année, qui fait gonfler le sentiment, l’impression, d’insécurité. Bien plus que les crimes eux-mêmes.

            Ce n’est pas tout. On nous parle souvent d’un crime pendant deux, trois jours. Or, il y en a un millier chaque année, ce qui veut dire qu’il en est commis deux ou trois chaque jour. Il y a donc ceux dont on nous parle beaucoup, et les autres dont on ne nous parle pas du tout. Et il y a donc des calculs sur ce dont on nous parle ou pas. Une chaîne de télé a été capable de rester 24 heures sur 24 à parler d’une seule affaire de viol et de meurtre : sans doute parce que le criminel est un immigré. Ils n’en font pas autant pour les autres viols. Ces journalistes trouvent-ils les autres viols admissibles ? Or, ils sont de loin bien plus nombreux : 87% des viols, 83% des meurtres, sont commis par des Français. Mais on veut nous faire sentir les étrangers comme dangereux.

            La vérité, c’est que la plupart des crimes, et plus encore pour les viols, sont commis, non par des immigrés, non par des étrangers, mais par des proches de la victime. Souvent, c’est dans la famille que le viol a lieu.

            Si ! il y a un domaine où le nombre de délits est vraiment élevé pour les étrangers : ce sont les vols et les cambriolages. Cela s’explique en partie du fait que les personnes sans papiers n’ont pas le droit de travailler ; et les contrôles de police se font à la tête du client ; on voit rarement la police fouiller des Français bien habillés. 

            Contre l’insécurité, la seule réponse proposée, c’est plus de police, plus de prison. Mais plus les lois sont sévères, plus on laisse se mettre en place des appareils de répression plus lourds, que nous aurons demain, contre nous tous, quand nous devrons manifester pour nos droits.

            Ni plus de police, ni des lois plus sévères ne peuvent changer grand-chose. D’abord parce qu’une petite partie de ceux qui violent ou qui tuent, sont des gens malades. Surtout, c’est que la vie est violente : derrière les très beaux mots de « liberté, égalité, fraternité », des milliers d’enfants dorment dans la rue, des millions de familles doivent presque mendier pour manger. Elle est d’abord là, la première insécurité. Alors que, à côté, il y a trois millions de millionnaires, qui ne savent plus quoi faire de leur richesse extravagante. 

            Tout cela est le résultat des règles de la société capitaliste où nous vivons, sa concurrence, sa lutte chacun pour soi. Une autre société, basée sur un partage équitable, des droits essentiels donnés à tous, connaitrait peut-être encore quelques actes odieux. Mais elle serait débarrassée de cette ambiance générale, permanente, où la peur est un peu partout.

 

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