404- Droite, gauche, extrêmes : quelles sont leurs valeurs ?

...De 1793 à aujourd’hui, la France a connu des marches arrière, des retours d’un roi, ou même d’un empereur. La république, il a fallu que le peuple se batte plusieurs fois pour l’obtenir, en se protégeant avec des barricades. Le peuple n’a obtenu le droit de vote qu’en 1848. Les femmes, seulement en 1944. Mais entre-temps, le jeu a été en partie truqué :  de nombreux postes importants, juges, commissaires de police, préfets, grands chefs de l’administration, ont été mis à l’écart des votes et de la population...

            Combien d’hommes politiques, combien de partis, ne respectent pas du tout ce qu’ils promettent, une fois qu’ils sont élus. Pire, on en voit qui sont capables de reprendre les promesses, le langage, de ceux qui étaient contre eux ! Alors, comment s’y retrouver ? Faut-il tout jeter à la poubelle ? En tout cas, il y a un moyen de s’y retrouver un peu. Et au moins de comprendre, en gros, à qui on a affaire. 

            Tout cela a commencé au moment de la Révolution française, qui a duré de 1789 à 1793. Juste après le 14 juillet et la prise de la Bastille, le peuple, 25 millions de paysans, s’est révolté contre les nobles et contre les chefs de l’Eglise, qui se partageaient toutes les richesses du pays, sans payer aucun impôt.

            Dans toute la France, les paysans sont allés dans les châteaux et ils ont brûlé les vieux papiers du temps des seigneurs. Ces papiers les obligeaient à travailler dur, à utiliser et à payer le moulin du seigneur, à payer des taxes et des impôts, tout en vivant dans la misère la plus complète. Le 17 juillet 1793, la loi décide que tous ces vieux droits ne valent plus rien. Le paysan devient, lui, le propriétaire de la terre sur laquelle il a travaillé. 

            Les privilèges, les avantages des nobles, des hauts placés de l’Eglise, se passaient de père en fils, d’une génération à la suivante. Ils sont supprimés. Mais un avantage va rester : c’est celui du propriétaire, celui qui est déjà riche. Il conserve ce moyen de vivre mieux que les autres, et il peut le donner à ses enfants. Or, avec une certaine richesse, on devient de plus en plus riche, si on sait y faire. Celui qui est propriétaire de logements peut s’enrichir en les louant. Celui qui est propriétaire d’une usine peut s’enrichir en embauchant des ouvriers.

            A un moment, la révolution a commencé à vouloir enlever ce droit aussi. Mais à Paris, ce sont ceux qu’on appelait des bourgeois, qui ont pris le nouveau pouvoir. Les bourgeois de cette époque, ce sont des médecins, des notaires, des avocats, de gros commerçants, qui font des affaires entre pays. Et aucun de ces gens-là ne veut qu’on touche au droit d’être propriétaire. 

            Pendant toutes ces années, une habitude s’installe dans les grandes réunions. Quand un responsable prend la parole devant les autres élus, il a, à sa gauche, ceux qui sont pour changer les choses, apporter des progrès à la vie de la société. Et à sa droite, ceux qui veulent arrêter les changements. Et dans ces deux parties, il y a des différences, selon jusqu’où chacun voudrait aller : plus à gauche, ou plus à droite.

            De 1793 à aujourd’hui, la France a connu des marches arrière, des retours d’un roi, ou même d’un empereur. La république, il a fallu que le peuple se batte plusieurs fois pour l’obtenir, en se protégeant avec des barricades. Le peuple n’a obtenu le droit de vote qu’en 1848. Les femmes, seulement en 1944. Mais entre-temps, le jeu a été en partie truqué :  de nombreux postes importants, juges, commissaires de police, préfets, grands chefs de l’administration, ont été mis à l’écart des votes et de la population.

            Voilà : si l’on a compris cette histoire, on peut comprendre les partis d’aujourd’hui :

            • La droite : ce qu’elle veut, c’est garder le monde comme il est sorti de la révolution : avec le droit de propriété, et sans y toucher.

            • L’extrême droite (même si elle n’aime pas qu’on l’appelle de cette façon) : elle rêve de faire marche arrière ; de revenir à une situation où certains retrouvent des privilèges ; c’est pour cela qu’elle tient à son fameux droit du sang : ne seraient français que ceux nés de parents français. C’est un premier pas. Elle trouvera ensuite que certains parents ne sont pas vraiment français… et ainsi de suite.

            • La gauche : elle, accepte le droit de propriété. Mais comme cela crée d’énormes injustices, elle demande, poliment, aux propriétaires les plus puissants, les gros capitalistes, d’en rendre un peu à la société… avant qu’il n’y ait des explosions. C’est pour cette raison que certains riches sont aussi de gauche.

            • Enfin, ceux qui se disent eux-mêmes d’extrême gauche, ou révolutionnaires : leur idée est de reprendre les avancées vers l’égalité, là où elles ont été arrêtées en 1789. Et pour cela, d’en finir avec le capitalisme, où un gros patron peut être propriétaire de dizaines d’usines, employant des centaines de milliers de travailleurs. 

            Cette idée, c’est aussi la nôtre. Et c’est pourquoi nous comptons sur la force et l’union des populations. Et nous souhaitons qu’elles soient gagnées à cette idée d’un monde meilleur.

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