…C’est ce recul américain qui a fait réagir Macron. C’est une chance pour la France, se dit-il. Nous avons en France la plus puissante industrie de guerre en Europe. On sait produire sous-marins, avions de combat, missiles : Thales, Exail, MBDA, Safran, Dassault, Naval Group, KNDS, Eurenco, Aresia, etc. : 4000 entreprises et dix grands groupes. Il faut convaincre l’Europe qu’elle ne peut plus compter sur les Etats-Unis ; il faut qu’elle ait des armements européens…, en clair, des armements français…
Macron a dit et répété qu’il était possible que la France envoie des troupes au sol en Ukraine ; parce qu’il ne fallait pas que la Russie gagne la guerre là-bas. Alors, faut-il vraiment craindre la guerre ? Et si une telle guerre commençait, d’abord avec l’armée de métier, ne risque-t-on pas de voir appelés à la mobilisation, toute une génération d’hommes valides ? 1 750 000 Français avaient été envoyés se battre en Algérie entre 1954 et 1962 de cette façon.
La réponse à cette question est double. Si l’on veut parler des jours ou des semaines qui sont juste devant nous, la réponse est plutôt NON. Mais si l’on pense en mois, en années, la réponse devient OUI.
NON : pour le moment, le calcul de la France et des pays qui soutiennent l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, c’est qu’il suffit d’envoyer des armes, à la rigueur des conseillers militaires. Mais qu’il ne devrait pas y avoir besoin de soldats.
Pour justifier ces envois d’armes, on nous dit et on nous répète qu’il ne faut pas laisser Poutine gagner, sinon, il continuera vers les pays Baltes, la Pologne, et pourquoi pas, en direction de la France.
En fait, c’est d’abord l’Europe qui a tout fait pour attirer l’Ukraine, quand elle s’est séparée de la Russie, lorsque l’URSS s’est écroulée en 1991. L’Europe est une grande puissance avec ses 450 millions d’habitants, et elle cherche, comme les USA ou la Chine, à devenir plus forte. La Russie essaie de faire la même chose. Elle était la deuxième puissance mondiale du temps de l’URSS. Elle a beaucoup reculé et voudrait regagner une meilleure place.
Voilà ce qu’est cette guerre en Ukraine. Pour nous la faire accepter, on nous la présente comme un conflit entre de gentils démocrates et un horrible dictateur. Il faut donc envoyer des armes : des chars, des avions, des missiles. Seulement voilà : un pays hésite, et pas n’importe lequel : les Etats-Unis. Ils ont pris 6 mois de retard pour livrer 60 milliards de dollars. Et l’ancien, et peut-être futur dirigeant, Trump, risque de ne plus rien livrer du tout.
Ce n’est pas très étonnant, au fond : les Etats-Unis, eux aussi, voient l’Europe comme un concurrent économique. Leur intérêt n’est donc pas à ce que l’Europe devienne encore plus puissante.
C’est ce recul américain qui a fait réagir Macron. C’est une chance pour la France, se dit-il. Nous avons en France la plus puissante industrie de guerre en Europe. On sait produire sous-marins, avions de combat, missiles : Thales, Exail, MBDA, Safran, Dassault, Naval Group, KNDS, Eurenco, Aresia, etc. : 4000 entreprises et dix grands groupes. Il faut convaincre l’Europe qu’elle ne peut plus compter sur les Etats-Unis ; il faut qu’elle ait des armements européens…, en clair, des armements français.
Oui, car pour le moment, c’est aux Etats-Unis que l’Allemagne, la Pologne et de nombreux pays d’Europe vont acheter leurs armes.
Bref, Macron se voit en chef… d'industrie de guerre. Le capitalisme de guerre français serait le grand gagnant. Donc, NON, Macron ne veut pas, ou pas encore, se lancer dans une guerre.
Mais OUI, la guerre, la vraie, celle qui détruit nos immeubles et nos rues, celle qui blesse, tue et démolit les vies, la guerre est hélas possible. Parce que tout le fonctionnement du monde capitaliste, tout son moteur, est construit sur la concurrence, la guerre économique... qui peut devenir la guerre tout court.
Les pays européens se sont fait la guerre, entre eux, sur le sol européen, deux fois au 20è siècle. Depuis, les grandes puissances ont réussi à ne plus trop avoir de guerre sur leur sol. Mais les guerres se sont déplacées dans les pays pauvres, elles sont devenues indirectes. Depuis 1945, de l’Afghanistan à la Syrie, du Pakistan à l’Irak, on peut compter au bas mot 10 millions de morts.
Si la guerre commence, l’histoire nous apprend que le capitalisme ne sait pas l’arrêter. La Deuxième Guerre mondiale a coûté 80 millions de morts et ne s’est arrêtée que par l’utilisation de la bombe atomique par les Américains. La Première Guerre mondiale a coûté 20 millions de victimes : elle a été arrêtée par une série de révolutions en Allemagne, Italie, Hongrie, et en Russie, qui ont stoppé la guerre. En France, des soldats se sont mutinés, ont refusé de tirer, en 1915 et en 1917. La flotte de guerre française en mer Noire s’est mutinée en 1919.
Devant la réalité de la guerre, ils ont arrêté de croire en la défense de la patrie. Ils ont refusé d’obéir à l’ordre de tirer sur le travailleur d’un autre pays. C’est évidemment très difficile. Alors, mieux vaut s’opposer à la guerre tout de suite, et le faire savoir.