395- Climat, planète : un emballage qui cache l'injustice

            C’est urgent. On nous le répète, matin, midi et soir. Pour que la planète ne se réchauffe pas trop, pour que le climat ne soit pas une suite de catastrophes, il faut changer nos habitudes. Il va falloir abandonner la voiture à essence, il faut isoler son logement. Il faut aussi arrêter de manger trop de viande. Et ne pas prendre l’avion trop souvent !

            Mais tout cela pose de gros problèmes à une grande partie de la population. Le gouvernement dit qu’il le sait, et qu’il a mis en place des aides importantes. Oui, il y a des aides. Mais il restera quelque chose à payer. 

           Certains ont fait le calcul. Pour un ménage de la classe moyenne, qui vit avec 2400 euros par mois, il restera quand même à payer personnellement quelque chose comme 26 000 euros pour avoir la voiture, la borne de recharge, et pouvoir l’utiliser : en clair, une année de salaire à débourser ! Dans ces conditions, la voiture électrique, pour les milieux vraiment populaires, c’est tout juste hors de question !

            Pour refaire le chauffage aussi, l’Etat a mis en place des aides. Il sait que les appartements mal chauffés ne sont pas ceux des plus riches. Mais c’est pareil : le couple de la classe moyenne devra sortir de sa poche 45 000 euros, malgré les aides, s’il faut rénover le logement. 

            Et si on regarde ce qu’il en coûte à un ménage vraiment populaire, à 1200 euros par mois, on arrive à 25 000 euros qu’il faudrait payer de sa poche : deux années de salaire ! Complètement impossible. 

            Une solution serait de prendre sur l’argent qu’on a pu mettre de côté, l’épargne, ou qu’on appelle le patrimoine. C’est sans doute là-dessus que compte l’Etat pour y arriver. Seulement voilà, les inégalités du patrimoine sont pires que sur les revenus mensuels. En gros, une bonne moitié de la population aura les moyens de se payer voiture et chauffage.  Mais un bon tiers des gens n’auront tout simplement pas l’argent suffisant. 

            Pourtant, de la richesse, du patrimoine, il y en a en France. Si on regarde les 6 millions de Français les plus riches, le dixième de la population, chaque ménage a au moins 350 000 euros, certains plusieurs millions, en épargne, en actions en bourse, en appartements. A eux seuls, ces gens ont presque la moitié de tous les patrimoines du pays. Pendant ce temps, à l’autre bout, 6 autres millions de personnes ont, au mieux, 5000 euros de côté, et certains rien du tout.

            Le pire, c’est que ce sont les mêmes qui n’ont aucun problème et qui sont les plus gros responsables des problèmes du climat. Si on regarde d’où vient exactement le fameux CO2 qui est jeté dans l’air par les chauffages, les avions, les transports… on s’aperçoit que la moitié de ce CO2 a été envoyée en l’air par les plus riches, exactement par le dixième le plus riche de la population de la planète. 

            C’est énorme ? oui. Derrière les avions privés, les yachts, le luxe, on a du mal à se rendre compte des gâchis que coûte à toute la société cette vie des plus riches des riches.

            Par contre, la moitié la plus pauvre de la planète n’est responsable que de 7% du CO2 dans l’atmosphère. Ce qui veut dire que le réchauffement n’est pas seulement dû à la Chine ou à l’Inde, comme on nous le fait croire ; les riches Américains et Européens continuent d’augmenter leur CO2.

            L’Europe a déjà prévu d’interdire d’acheter des voitures à essence en 2035. Ceux qui ne pourront pas suivre pour l’électrique ou le chauffage vont voir leur vie rendue de plus en plus impossible. Et ils seront en plus montrés du doigt. 

            En clair, ce sont les riches qui salissent le monde, et ils ont les moyens de le nettoyer. Mais ils ne prévoient de le faire que pour eux seuls. 

            Pour faire passer la pilule, ils ont trouvé le truc : on ne parle plus de riches et de pauvres, on ne parle que de « la planète » et du « climat ». On veut peut-être nous faire croire que c’est le climat qui est injuste ?