374- Inflation : leur plan contre le monde du travail

… Quand c’est l’inflation et les prix chers, ce sont les plus faibles qui souffrent. Quand c’est leur soi- disant lutte contre l’inflation, c’est encore les plus faibles qui vont souffrir. C’est le capitalisme tout entier qu’il faut dénoncer…

            Entre le monde du travail, employés, ouvriers, et le monde du capital, propriétaires des entreprises, et autres capitalistes, c’est un bras de fer permanent. En moyenne, au niveau du pays, quand 100 euros de richesse sont produits grâce au travail, c’est 63 euros qui vont dans les salaires des travailleurs, et le reste, plus d’un tiers, 37 euros vont dans les poches des patrons, des actionnaires, du capital.

            C’est beaucoup, et c’est beaucoup plus qu’il y a une quarantaine d’années. Dans les années 1980, quand il y avait cent euros de richesse produite, c’était 29 euros qui allaient dans les poches des propriétaires de capitaux. Ils ont donc réussi à augmenter leur part du gâteau, d’un quart de plus que ce qu’ils avaient déjà.

            Pourquoi la part du monde du travail a-t-elle ainsi reculé ? Parce que leur monde du capital nous a attaqués, parce que tous les gouvernements – toujours à son service - ont abaissé nos droits, changé les lois du travail. Parce que les patrons se sont soudés entre eux pour nous attaquer, pour profiter du chômage en nous menaçant, nous obliger à accepter que les salaires restent bloqués pendant des années, alors que les prix montaient régulièrement.

            Mais aujourd’hui, quelque chose est en train de bouger. L’inflation est là : c’est-à-dire que tous les prix se mettent à monter en même temps, et bien plus vite qu’auparavant. Résultat, côté ouvrier, des grèves nouvelles ont commencé, pour les salaires. On nous a parlé de Total, mais il y a eu Amazon, Flunch, Conforama, les agents de la région de Saint Brieuc, et bien d’autres.

            Des grèves qui se multiplient, qui commencent à se voir, les patrons, leurs gouvernements, détestent ça. Parce que l’idée de lutte, de grève, revient et peut s’étendre. Parce que ces grèves nombreuses s’épaulent les unes les autres, obligent les patrons à augmenter les salaires. Et le résultat, c’est que les fameux 37 euros qu’ils empochaient tranquillement risquent de reculer.

            Les grands chefs du monde capitaliste, ce sont les banques centrales. En Europe, la BCE, aux Etats-Unis, c’est la FED. Devant cette montée des grèves, aux Etats-Unis comme en Europe, ils ont décidé de nous attaquer. Leur plan, c’est de créer du chômage. Et pour cela, de freiner l’économie. Ils ont dit aux banques auxquelles nous avons à faire : avant, c’était « je te prête mille, tu devras me rendre mille dix ». Maintenant, c’est « je te prête mille, tu devras me rendre mille cent ». Et ces banques, à leur tour, vont nous dire la même chose, et demander des intérêts plus forts : à celui qui veut faire un emprunt, acheter une voiture, ou aux capitalistes qui veulent monter une usine. Tout cela va donc ralentir, et finir par faire augmenter le chômage.

            Ce plan de hausse des taux puis du chômage, leurs économistes l’appellent « plan de lutte contre l’inflation ».

            La hausse des taux d’intérêt a déjà un résultat terrible dans les pays pauvres. Quand la FED américaine a commencé à augmenter ses taux, des capitalistes du monde entier se sont dit « super, il faut que je soutienne cette attaque contre le monde du travail », et ils ont vendu certains de leurs capitaux pour acheter des dollars. Le dollar est devenu plus fort. Du coup, il est devenu bien plus cher aux pays pauvres d’acheter à l’étranger les produits qui leur manquent, car cela s’achète en dollars. Des famines ont commencé en Afrique de l’Est, des révoltes ont éclaté au Sri Lanka, au Pakistan, au Pérou.

            Mais la partie ne fait que commencer. Et c’est une partie maintenant mondiale. Si les révoltes, les grèves, les luttes deviennent vraiment très importantes, pour sauver les salaires, sauver le niveau de vie des populations, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, alors les chefs du monde capitaliste vont finir par craindre pour leur système, et même pour leur pouvoir. Ils devront négocier et reculer. Ils devront accepter de revenir vers les 29 euros, comme c’était le cas en France des années 1980. Et ils ne vivaient pas alors dans la misère.

            Quand c’est l’inflation et les prix chers, ce sont les plus faibles qui souffrent. Quand c’est leur soi- disant lutte contre l’inflation, c’est encore les plus faibles qui vont souffrir. C’est le capitalisme tout entier qu’il faut dénoncer.

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