…Les Etats-Unis ont aussi ajouté à l’Otan une dizaine d’autres pays, soit un total de 40, pour cette nouvelle guerre. Une guerre qui vise à faire revenir la Russie, son armée, son économie, des années en arrière. En clair, la défense des Ukrainiens est devenue une guerre entre grandes puissances : d’un côté les Etats-Unis et l’Europe ; de l’autre la Russie, qui peut aussi se trouver des alliés. Le calcul des Etats-Unis est de profiter du nationalisme ukrainien et des faiblesses russes, pour se renforcer, eux. Pour, demain, être en meilleure position face à la puissance qui monte et qu’ils tiennent absolument à dominer, la Chine…
La guerre en Ukraine n’est plus la même. Elle a changé. Lorsque l’invasion russe a commencé le 24 février 2022, elle a trouvé en face d’elle une résistance qu’on nous a présenté comme héroïque : un peuple ukrainien défendant son territoire presque à mains nues. Cette résistance a en tout cas obligé l’armée russe à changer ses plans, et à abandonner l’encerclement de la capitale Kiev.
Tant que cette résistance semblait fragile face à la puissance de l’armée russe, l’Europe, les Etats-Unis, et leur alliance militaire, l’Otan, ont fait de beaux discours pour dire leur soutien. Ils ont promis une aide. Mais ils répétaient qu’ils n’enverraient pas un seul soldat, et que s’ils donnaient des armes à l’Ukraine, ce seraient des armes défensives : pour que la guerre ne risque pas de s’étendre.
C’est tout cela qui a changé. Le recul de l’armée russe à Kiev a fait réfléchir les chefs militaires américains. Ils se sont dits que la résistance des Ukrainiens et de leur armée, était assez sérieuse pour qu’on réfléchisse à l’utiliser. Ils ont une vieille expérience de ce genre de situation, où ils mènent une guerre indirectement, ailleurs que sur leur sol, sans soldat à eux, mais pour leurs intérêts.
Cela a été le cas en Afghanistan, fin 1979. L’armée russe, à l’époque l’armée soviétique, avait envahi l’Afghanistan, un pays musulman. Elle voulait aider un régime ami mais affaibli. Des milliers de combattants islamiques sont alors venus de différents pays, pour faire le djihad, la guerre sainte, contre cet envahisseur athée, non-croyant. (Parmi eux, d’ailleurs, Ben Laden, qui deviendra plus tard le chef d’Al Qaïda). Les Etats-Unis ont alors choisi de les aider, avec des armes efficaces. Leur rage de combattre a tenu dix ans, et ils ont fini par gagner : ils ont obligé l’armée russe à repartir. Et l’URSS s’est effondrée ensuite.
A l’époque, les Américains avaient utilisé le fanatisme religieux de nombreux musulmans. Aujourd’hui, ils veulent utiliser le fanatisme nationaliste de nombreux Ukrainiens. L’objectif est le même : user la Russie, l’affaiblir par une guerre longue et coûteuse, en utilisant ces combattants ukrainiens qui semblent prêts à vouloir se battre sur la durée.
Il n’est plus question de « défendre » l’Ukraine, ils veulent maintenant que l’Ukraine « gagne la guerre ». Cela peut vouloir dire stopper la Russie dans la position actuelle. Mais ça peut aussi vouloir dire lui reprendre le Donbass, ou même encore lui reprendre la Crimée, qu’on l’avait laissé prendre sans réagir en 2014.
Des canons français, des chars allemands, des avions d’Europe de l’Est, sont maintenant envoyés à l’armée ukrainienne. Les Américains se sont arrangés pour être les premiers dans la course à qui soutient le plus l’Ukraine. Leur aide militaire est montée à 4 milliards de dollars en quelques semaines, avec 700 drones, 1400 missiles antiaériens, 5500 missiles antichars, et surtout leurs satellites qui donnent à l’armée ukrainienne les informations sur toutes les positions des Russes. Pour empêcher Poutine d’avoir envie de négocier, les Ukrainiens, informés par les satellites américains et les avions radars français, ont coulé son bateau de guerre en chef dans la Mer Noire, le Moskva.
Les Etats-Unis ont aussi ajouté à l’Otan une dizaine d’autres pays, soit un total de 40, pour cette nouvelle guerre. Une guerre qui vise à faire revenir la Russie, son armée, son économie, des années en arrière. En clair, la défense des Ukrainiens est devenue une guerre entre grandes puissances : d’un côté les Etats-Unis et l’Europe ; de l’autre la Russie, qui peut aussi se trouver des alliés. Le calcul des Etats-Unis est de profiter du nationalisme ukrainien et des faiblesses russes, pour se renforcer, eux. Pour, demain, être en meilleure position face à la puissance qui monte et qu’ils tiennent absolument à dominer, la Chine.
C’est malheureusement dans la nature du capitalisme que de risquer de mener à la guerre, car les puissances sont toutes en concurrence. Dans ce système, les guerres profitent à des forces importantes, avec les ventes d’armes, ensuite avec les reconstructions qui suivent les énormes destructions ensuite.
Pour nous faire avaler celle-ci, on va nous la présenter comme celle de la démocratie contre la dictature. Mais cette guerre va coûter cher aux populations, la population ukrainienne d’abord, la population russe ensuite, et d’autres encore si la guerre dure, directement ou indirectement, aux quatre coins du monde. Nous ne pouvons qu’être contre cette guerre, et le faire savoir, vite.