352- Israël : la guerre civile dans un pays riche

… Israël est devenu fort, il possède la bombe atomique. Il aurait pu alors choisir de se montrer plus humain envers les Palestiniens, envers sa population arabe. Mais c’est le contraire qui s’est passé. Israël a pris goût au jeu de la force. Et il continue de se montrer comme le colonisateur de la Palestine, comme l’empêcheur que la Palestine ne naisse vraiment…

            Les informations nous montrent les lumières des roquettes palestiniennes tirées sur les villes israéliennes depuis la bande de Gaza, et les explosions des immeubles de Gaza bombardés par l’armée israélienne. Mais derrière cette guerre qu’on a déjà connue, une autre, une guerre civile cette fois, a commencé.

            De nombreuses villes d’Israël ont connu des scènes terribles où une partie de la population s’en est pris très violemment à une autre : des Juifs agressant des Arabes israéliens ici, des Arabes israéliens agressant des Juifs ailleurs.

            Les Arabes israéliens sont près de deux millions. Ils sont quatre fois moins nombreux que les Juifs et subissent des discriminations. Ils ne font pas le service militaire, et ne peuvent pas, du coup, obtenir certains emplois. Leurs enfants font moins d’années d’études. Mais les deux populations vivaient en voisins, en assez bonne entente. Cette entente délicate vient d’être déchirée.

            « Rien ne justifie les lynchages de Juifs par des Arabes ou des lynchages d’Arabes par des Juifs. Nous n’accepterons pas cela. Cette violence, ce n’est pas nous », a dit Netanyahou, le Premier ministre israélien. Mais si ! Cette violence, elle vient aussi de lui ! Depuis douze ans, il a multiplié les gestes humiliants envers les Palestiniens. Il s’est arrangé pour que leur Etat reste coupé en deux, Gaza d’un côté, la Cisjordanie de l’autre. Et il a déchiqueté celle-ci, y laissant s’implanter 450 000 colons juifs.

            Il y a longtemps, de nombreux Israéliens comprenaient que les Palestiniens avaient des droits, et qu’il faudrait les reconnaître, même s’il y avait des désaccords sur la manière de faire. Mais des dizaines d’années de pratiques et de discours guerriers ont changé les choses. La majorité des Israéliens a cru que la force était la solution, puisque cela semblait marcher. Les lynchages qui viennent d’éclater aux quatre coins du pays montrent que c’était une grosse erreur.

            Ne pas reconnaître de droits à des gens, cela amène à ne plus voir ces gens comme des humains. Cela finit par créer un climat de guerre, et lorsqu’on est en guerre, on ne discute pas contre le chef, le dirigeant. Voilà pourquoi la guerre arrange les dirigeants des deux côtés, et les renforce, israéliens comme palestiniens.

            Pendant longtemps, les dirigeants d’Israël se sont présentés à leur population comme ceux qui voulaient les protéger de l’immense monde arabe qui les entourait et les menaçait. Mais aujourd’hui, la presque totalité des Etats arabes ont signé des accords avec Israël : de la Jordanie à l’Egypte, du Maroc aux Emirats arabes unis. En fait, ils se mettent ensemble avec Israël pour contrer l’Iran, qui se retrouve seul…

            Israël est devenu fort, il possède la bombe atomique. Il aurait pu alors choisir de se montrer plus humain envers les Palestiniens, envers sa population arabe. Mais c’est le contraire qui s’est passé. Israël a pris goût au jeu de la force. Et il continue de se montrer comme le colonisateur de la Palestine, comme l’empêcheur que la Palestine ne naisse vraiment.

            Les Etats-Unis, l’Europe, ont laissé faire. Israël se moque des décisions de l’ONU, et bafoue régulièrement les droits de l’homme : il n’est jamais sanctionné. Pourquoi ? En Europe, une mauvaise conscience existe : des dirigeants européens, en Allemagne, en France, avaient collaboré à l’élimination de 6 millions de Juifs d’Europe. Mais surtout, les grandes puissances espèrent en échange utiliser Israël pour défendre leurs intérêts dans cette région riche en pétrole.

            Qu’une population soit entraînée à faire la guerre à une autre, c’est déjà un problème, mais c’est dans la logique des intérêts égoïstes des puissants. Mais que, sur la base de religion ou autre, une population se mette à s’entre-déchirer elle-même, c’est un signe barbare qui s’en prend à l’espoir de vivre entre humains.

            Le capitalisme tout entier nous dit qu’il assure à chaque nation une vie correcte et humaine au moins dans les pays riches. Ce n’est pas vrai.

© L'Ouvrier 2024
ON PEUT PHOTOCOPIER, FAIRE CONNAITRE, DIFFUSER L’OUVRIER
(boîtes à lettres, marchés, affichages dans les cités...)