… S’il y a quelque chose à craindre avec l’intelligence artificielle, c’est donc plutôt les humains qui la fabriquent. Surtout que maintenant, ceux qui sont à la tête dans la course à profiter de ces nouvelles techniques, ce sont des monstres capitalistes. Et en premier Google, Amazon, Facebook, Apple (en abrégé les GAFA)…
Des montres intelligentes qui suivent notre état de santé, des voitures intelligentes qui se conduisent toutes seules : le mot « intelligent » est de plus en plus ajouté à des choses que nous avons autour de nous. Faut-il en avoir peur ? Ou faut-il applaudir ?
Ce qui est vrai, c’est que depuis dix ans à peine, des progrès ont lieu : un téléphone portable peut rédiger un sms quand vous lui parlez, et le transmettre aussitôt ; un ordinateur peut lire un scanner et dire aussi bien qu’un spécialiste si vous avez telle maladie. Et il le fera beaucoup plus vite que le spécialiste.
Nous sommes dans un monde capitaliste : il a besoin de créer sans arrêt des produits nouveaux, pour obliger à ne plus utiliser les anciens, pousser à toujours acheter. Par exemple, on s’est aperçu que plus on donne une forme humaine à un robot, plus les humains que nous sommes sont fascinés. C’est pour cela que le mot intelligent est ajouté : pour nous attirer, nous faire croire à des possibilités étonnantes, et au final… pour qu’on achète.
Mais ce n’est pas parce qu’une machine est capable de faire ce qu’un humain ne peut pas faire qu’elle est intelligente. Sinon, la moindre grue est très intelligente. Les machines dites intelligentes ne font qu’une chose : elles suivent un programme informatique, un algorithme, comme une grosse recette de cuisine, qui a été écrit par un humain. Pour reconnaître l’image d’un avion, par exemple, on lui dit de repérer qu’il y a deux ailes, une forme allongée, une vitre à l’avant, etc. Ensuite, la machine apprend toute seule à reconnaître les différentes formes d’avions, en allant chercher des millions d’images sur internet. C’est tout.
Même un enfant n’a pas besoin d’aller voir des millions d’images d’avion. Une ou deux lui suffiront. Son intelligence, la vraie, lui offre la possibilité d’imaginer dans sa tête des variantes, de penser d’une manière générale, abstraite. C’est ce qui permet à notre cerveau de changer d’avis, chose impossible pour un ordinateur.
Pour gagner du temps et de l’argent, des entreprises utilisent l’intelligence artificielle pour embaucher : il suffit de dire à la machine l’âge, le sexe, les diplômes, les capacités. Mais il est arrivé que pour le même travail, une offre d’emploi de Google propose un salaire plus bas à une femme qu’à un homme. La machine avait vu cette pratique dans les millions de salaires qu’on lui avait donnés. Et le programme, l’algorithme, lui disait de faire pareil, bêtement.
S’il y a quelque chose à craindre avec l’intelligence artificielle, c’est donc plutôt les humains qui la fabriquent. Surtout que maintenant, ceux qui sont à la tête dans la course à profiter de ces nouvelles techniques, ce sont des monstres capitalistes. Et en premier Google, Amazon, Facebook, Apple (en abrégé les GAFA).
Google par exemple, fait tout pour avaler des milliards d’informations sur notre vie, nos habitudes. Au total, ces données, de vraies marchandises achetées et revendues, valent des milliards. Et s’y ajoutent, les endroits où vous allez, les sites que vous regardez, les objets que vous achetez, etc.
Le problème, c’est que tout ce qui nous est présenté comme un progrès n’en est pas forcément. C’est aussi que ces changements nous sont imposés : les conducteurs n’avaient pas demandé des voitures qui roulent toutes seules. Et puis l’Etat, qui aime bien nous surveiller, voudra utiliser ces techniques pour le faire encore plus. On est donc obligés de se méfier.
Ce n’est que dans une société débarrassée du capitalisme que l’on pourra pleinement, vraiment, profiter sans crainte des progrès qui peuvent être prodigieux. Il faut pour cela qu’ils soient réalisés dans un monde où chacun pourra comprendre et contrôler tout ce qui s’y fait. Mais aujourd’hui chaque entreprise privée cache ce qu’elle fait derrière le secret le plus complet. Et elle cherche d’abord l’intérêt de ses capitalistes.