... En fait de science, c’est plutôt de technique que le capitalisme est gourmand. Il oblige à une course au progrès technique, comme sur les téléphones portables, avec la 2G, la 3G, la 4G… Mais y a-t-il un vrai progrès scientifique dans cette course ? Comprendre pour comprendre, c’est autre chose. Les dirigeants mettent en avant la science pour embellir les choses, profiter de son autorité, mais leur système est bien plus intéressé par les développements techniques. Alors, quand un nouveau virus apparaît, et provoque une épidémie, il mobilise en urgence les chercheurs, il sort les millions. Mais tout ce que l’on peut faire dans l’urgence, c’est aller chercher dans les vieilles pharmacies, un médicament qu’on a déjà...
Quand on a commencé à entendre parler d’un nouveau virus en Chine, tous les responsables, les médecins aussi, l’ont d’abord vu… de loin, comme une de ces maladies qui semblent réservées aux pays pauvres : la grippe aviaire, Ebola, le SRAS.
Lorsque le nombre de morts s’est mis à monter en flèche en Europe, on nous a dit : « Ne vous inquiétez pas, nos chercheurs sont mobilisés, partout dans le monde, ils travaillent, on va y arriver ». Mais deux mois passés après le premier mort en France, on n’a pas de vaccin utilisable, aucun médicament sérieux et sûr, même pas de quoi affaiblir un peu la maladie. Bref, on n’a encore aucune protection, si ce n’est le confinement, l’isolement.
Et pourtant, c’est vrai que de nombreuses équipes scientifiques travaillent d’arrache-pied, avancent sur des vaccins, sur des médicaments. Mais il faut du temps. Une recette de cuisine qui demande 2 heures de cuisson, elle ne peut pas donner le même résultat en un quart d’heure.
Il aurait fallu quoi ? Il aurait fallu que des recherches aient lieu avant qu’on se retrouve dans l’urgence d’une épidémie mondiale. Eh bien, on en a eu l’occasion en 2003. Un premier coronavirus, appelé SARS-Cov venait d’apparaître. On savait qu’en cas d’épidémie, pour mettre au point un vaccin, il faut compter quelque chose comme 18 mois. En France, une équipe a alors travaillé à étudier son enveloppe, une forme nouvelle de sphère de cristal, pour, ensuite, essayer de mettre au point un médicament adapté.
Cette équipe travaillait à l’Inra, l’Institut national de recherche agronomique, dans l’agriculture donc. Mais dès 2006, les autorités ont jugé que le coronavirus pouvait attendre. Et les chercheurs n’ont plus trouvé d’argent pour continuer leurs recherches. Dans toute l’Europe, on a freiné les budgets de recherche.
Le capitalisme dit aimer la science, vouloir l’écouter. Mais quand ils donnent de l’argent pour la recherche, l’Etat, les entreprises privées, sont obsédés par le résultat. Ce qui les intéresse d’abord, c’est ce qui pourrait se trouver et servir tout de suite, ce qui va se vendre, ce qui va rapporter du profit, ou encore ce qui permet de dépasser un concurrent.
Mais la science, elle, ne marche pas comme ça. Il a fallu les travaux d’Einstein, en 1920, pour que puissent exister le laser (qui lit les DVD et sert en chirurgie), ou le GPS (qui permet de se localiser sur la Terre). Einstein, lui, n’avait pas cherché à faire ni un laser, ni un GPS, il voulait comprendre, comprendre l’espace, le temps, l’énergie. C’est cinquante ans plus tard qu’on a trouvé ces applications techniques.
En fait de science, c’est plutôt de technique que le capitalisme est gourmand. Il oblige à une course au progrès technique, comme sur les téléphones portables, avec la 2G, la 3G, la 4G… Mais y a-t-il un vrai progrès scientifique dans cette course ? Comprendre pour comprendre, c’est autre chose. Les dirigeants mettent en avant la science pour embellir les choses, profiter de son autorité, mais leur système est bien plus intéressé par les développements techniques.
Alors, quand un nouveau virus apparaît, et provoque une épidémie, il mobilise en urgence les chercheurs, il sort les millions. Mais tout ce que l’on peut faire dans l’urgence, c’est aller chercher dans les vieilles pharmacies, un médicament qu’on a déjà.
C’est ce qui s’est fait avec la chloroquine : ce n’est pas du tout un antiviral, pas du tout un médicament qui vise le virus. Seul espoir dans l’immédiat, et face aux victimes qui se multiplient, il devient une croyance presque religieuse pour certains. Loin, très loin, de la science.
On ne sait pas si les travaux sur le coronavirus de 2003 auraient pu aboutir à une meilleure situation que celle que l’on subit aujourd’hui. Mais on sait que la logique capitaliste ne leur a pas, et ne nous a pas, laissé cette chance.