... on tremble de savoir les dégâts que va causer ce virus dans une région comme l'Afrique, que le monde riche pille et empêche de se développer vraiment.
Mais cet évènement mondial mérite aussi qu'on aille un peu plus loin. Qu'on y regarde de près, et qu'on y réfléchisse. Car il se passe aussi des choses belles, et des choses étonnantes.
En quelques jours, c'est toute notre vie qui est touchée, celle des 66 millions de Français. Près de 2 milliards d'humains sont aussi confinés.
On pourrait discuter de ceux qui refusent les mesures de protection demandées par les médecins. De ceux qui s'en fichent, ou se fichent des autres. De certains qui le font exprès, Parce que la vie normale, sans virus, leur a appris qu'en se distinguant, en s'opposant à son prochain, on peut trouver un moyen de réussir. Au point que certains osent aller jusqu'à voler du matériel dans les hôpitaux pour le revendre à prix d'or.
On devrait, bien sûr, dénoncer une fois de plus les économies du système normal, là encore, qui a abandonné l'idée de garder un stock de masques, parce que ça coûte un peu et que ça ne rapporte rien. Ce système qui fait tourner un hôpital comme une usine, "à flux tendu", avec le moins possible de personnel, de lits, de stocks...
Et pire encore, on tremble de savoir les dégâts que va causer ce virus dans une région comme l'Afrique, que le monde riche pille et empêche de se développer vraiment.
Mais cet évènement mondial mérite aussi qu'on aille un peu plus loin. Qu'on y regarde de près, et qu'on y réfléchisse. Car il se passe aussi des choses belles, et des choses étonnantes.
L'État nous laisse remplir nous-mêmes le fameux papier, l'attestation pour sortir. On s'autorise soi-même, on se contrôle soi-même, en fait. Pour n'importe quoi, en temps normal, il faut une montagne de papiers. Là, dépassé par les évènements, l'État est obligé de nous faire un minimum confiance. Même s'il sort un peu ses flics, il est obligé de faire beaucoup moins bureaucratique, plus simple, et plus humain.
De même avec l'Europe. Sa grosse bureaucratie n'a su faire qu'une chose : baisser les barrières des frontières. Mais le virus s'en moque. Par contre, des gens, des Européens, en Allemagne en Suisse, se sont joints et ont organisé le transfert de malades en réanimation pour aider les médecins débordés de l'Est de la France. Dans de nombreux pays, s'est répandue la pratique d'applaudir, ensemble, entre voisins aux fenêtres, pour soutenir le moral des infirmiers et des médecins. Nous autres, humains, nous avons une belle habitude entre nous, celle de nous dire bonjour, et d'ajouter à la parole un geste de contact : on se touche en se serrant la main, en se faisant la bise. Ce geste qu'on offre à quelqu'un qu'on veut saluer même si on ne se connaît pas encore, le virus nous l'enlève ? Et nous en inventons d'autres.
Dans certains quartiers, des jeunes se sont organisés, avec Internet ou les réseaux sociaux. Ils se soucient d'aller voir les personnes âgées seules. Ils leur proposent de faire leurs courses. Et ces personnes leur donnent leurs maigres sous, en leur faisant confiance.
De leur côté, les scientifiques du monde entier collaborent tous ensemble, comme cela ne s'est jamais fait ; ils échangent à toute vitesse, et battent des records pour mettre au point un premier médicament, en quelques semaines, et un vaccin ensuite. D'habitude, les sociétés qui les emploient, les États, cachent la moindre découverte, pour en tirer le plus de fric possible en étant seul à garder le secret.
Des grosses entreprises ont décidé de fabriquer des moyens de se protéger qui manquent, du gel hydroalcoolique, des masques, des tests. Elles le font sans doute aussi pour se faire de la publicité. Mais cela montre qu'on peut facilement réorganiser la production, en se souciant des vrais besoins.
En temps normal, on nous rabâche qu'on ne peut pas changer la vie, que la nature humaine est comme elle est, égoïste, individualiste, qu'il faut se méfier des autres. Mais là, en quelques jours, on voit surgir des petites choses, certes, mais qui veulent dire beaucoup. Elles nous laissent entrevoir qu'on peut vivre sur la base de la confiance, de la solidarité. Une lueur derrière le monde sombre du virus.