... On en parle comme si c'était naturel. Mais, en fait c'est quoi ce système qui nous rembourse sur les soins de santé ? On nous rembourse avec quel argent ? Est-ce l'État qui nous donne ainsi gentiment de quoi nous permettre nous soigner ?...
On en parle comme si c'était naturel. Mais, en fait c'est quoi ce système qui nous rembourse sur les soins de santé ? On nous rembourse avec quel argent ? Est-ce l'État qui nous donne ainsi gentiment de quoi nous permettre nous soigner ?
Mais l'État ne produit pas de richesse. Au contraire, pour payer sa police, son armée, sa justice, il nous fait payer des impôts : impôts sur le revenu, taxes, TVA surtout : car c'est sur tout ce qu'on achète qu'on la paye, sans qu'on s'en aperçoive, sauf si on regarde son ticket de caisse.
Si ce n'est pas l'État, est-ce que ce sont les patrons qui nous font ce cadeau ? Ou les riches ? Non, ne rêvez pas...
Regardez donc plutôt votre feuille de paye ! Tous ces chiffres sur les lignes marquées “Santé”, et aussi CSG, et CRDS : il est là l'argent magique. Eh oui ! C'est nous qui le payons, c'est pris sur notre salaire.
Mais alors, pourquoi tout ce système où l'on prend d'un côté, pour rendre de l'autre ? Surtout que pour faire marcher ça, il faut une bureaucratie de dingue. Rien que pour ce qu'on appelle la “branche ” maladie, c'est 92 000 personnes qui y travaillent, pour récupérer nos cotisations et ensuite rembourser les médicaments et les soins. Et si on ajoute les autres “branches” (la retraite, le chômage, la famille et le logement), on arrive à presque 150 000 personnes, avec des bureaux, des ordinateurs. Et toute cette énorme machine coûte 14 milliards d'euros par an.
C'est vrai que ce fonctionnement a permis d'améliorer très nettement la santé des travailleurs. Mais faut-il passer par cette monstrueuse machine, qui coûte quand même 14 milliards d'euros par an ?
Avant que ce système n'existe, c'était simple, toute une partie du monde du travail n'avait pas les moyens du tout de se soigner. On devait accepter de rester malade, ou de devoir mourir. C'est pour cela que l'espérance de vie était bien plus courte qu'actuellement. La seule solution, bien limitée, c'était que les ouvriers d'une usine créent une caisse pour s'aider entre eux, comme on le fait encore aujourd'hui pour des grévistes.
La première réaction des patrons, ça a été de vouloir casser ces entraides, qui s'appelaient aussi mutuelles. Parce que, pour le patron, l'entraide, la solidarité entre travailleurs, ça n'est pas une bonne chose : ils apprennent à se grouper, à s'entendre, au lieu d'être chacun seul et en concurrence.
Mais le monde ouvrier est devenu de plus en plus fort. Et il fallait trouver un moyen de le calmer. C'est de là qu'est née la Sécurité sociale. Elle est mise en place en France en 1945. La Deuxième Guerre vient enfin de se finir, et il faut reconstruire et moderniser le pays.
Au lieu de laisser les travailleurs s'entraider directement, l'État va construire, d'en haut et avec l'aide de chefs syndicaux, ce système qui va devenir monstrueux, comme tout le reste. Oubliée la solidarité, finie la générosité, terminée l'idée qu'on fait partie de la même catégorie, la même classe des exploités, et qu'il faut qu'on se défende entre nous, que nous sommes frères, y compris avec ceux qui proviennent des autres pays.
Les patrons ont aussi multiplié les façons de faire pour que nous nous regardions entre nous avec méfiance, ou jalousie : des primes individuelles, des faveurs aux uns et pas aux autres. Ils divisent pour régner.
Mais il se trouve un peu partout des gens parmi nous qui ne sont pas dupes. Discrètement, on peut contrer cette division, chercher à retisser progressivement une unité, former un petit groupe de confiance. Et lorsqu'une lutte éclate, ce sont ces sentiments profondément humains, d'entraide, de fraternité, du sens de la justice et de l'égalité, qui surgissent, comme si on les avait trop longtemps enfermés.
Preuve que la vie toute entière pourrait être elle aussi basée sur ces valeurs humaines, à la place de toutes les bureaucraties actuelles.