... Mais alors, comment se fait-il que les Etats-Unis, l'Europe, la France, aillent tout droit en Syrie, rencontrer les chefs de la bande d'Al-Joulani ? Ils nous répètent, matin, midi et soir, que les islamistes sont tous des terroristes, qu'il faut les éliminer !
Mais en réalité, ils ne traitent d'islamistes, de terroristes, de dictateurs que ceux qui leur tiennent tête, qui ne veulent pas faire affaire avec eux, ou qui leur font la guerre...
Le régime de dictature de la famille Assad s'est écroulé en Syrie. Tant mieux ! Tant mieux pour les populations qui ont tant souffert. Mais comment vont-elles vivre maintenant ? Car c'est une bande armée islamiste qui a remplacé Assad.
Cette bande qui a fait s'enfuir Assad, on l'appelle en français HTC, Hayat Tahrir Al-Cham en arabe, ce qui veut dire Organisation de libération du Levant. Son chef, c'est un certain Al-Joulani. Après avoir fait des études de médecine en Syrie, il a été rejoindre Al-Qaïda en Irak en 2003. Puis il est revenu en Syrie, pour y créer une branche d'Al-Qaïda, Al-Nosra.
En Syrie, une révolution a commencé en 2011, qui n'avait rien à voir avec les islamistes. Comme en Tunisie, ou en Egypte, ce sont les populations qui ont voulu abattre le régime de dictature, où un clan tient tous les pouvoirs et n'en fait profiter que ses proches. Le dictateur Assad, aidé par la Russie et l'Iran, a tenu bon, mais n'a pu garder que quelques régions du pays. Al-Joulani et son HTC en ont profité pour en prendre une autre, dans le nord, à idlib.
A idlib, ils ont mis en place une sorte de pays miniature. Dès l'école, les filles sont séparées des garçons ; elles doivent porter un niqab, qui les couvre complètement. L'alcool est interdit. Ceux qui ne sont pas musulmans doivent payer un impôt spécial, comme au Moyen Age dans les pays arabes.
A idlib, la vie était un peu plus supportable que celle du dictateur Assad. Mais ce n'est pas pour obtenir ce genre de vie que les populations du monde arabe se sont révoltées. Les régimes des islamistes sont eux aussi des dictatures : les non musulmans sont mis à part, les pratiques religieuses sont obligatoires, et tout le monde surveille tout le monde. Pire, la moitié de la population, les femmes sont carrément mises à l'écart de la société, presque enfermées. Quand elles ont été au pouvoir, toutes les religions, chrétienne, juive, musulmane, ressemblent à cela avec leur population.
Mais alors, comment se fait-il que les Etats-Unis, l'Europe, la France, aillent tout droit en Syrie, rencontrer les chefs de la bande d'Al-Joulani ? Ils nous répètent, matin, midi et soir, que les islamistes sont tous des terroristes, qu'il faut les éliminer !
Mais en réalité, ils ne traitent d'islamistes, de terroristes, de dictateurs que ceux qui leur tiennent tête, qui ne veulent pas faire affaire avec eux, ou qui leur font la guerre. Mais il y a des islamistes, des dictateurs avec lesquels ils se sont arrangés, pour faire des affaires, pour partager des pouvoirs, pour échanger et profiter.
En 1945, les Etats-Unis ont signé un accord pour profiter du pétrole de l'Arabie saoudite, un pays wahabite, tout à fait islamiste, qui met les femmes complètement à l'écart. Un autre accord existe avec la Turquie, dans l'alliance militaire de l'OTAN, alors qu'elle est dirigée depuis vingt ans par l'islamiste Erdogan, qui maltraite sa population kurde.
Aujourd'hui, on nous répète que Assad a été un affreux dictateur. On n'en disait pas autant quand il était reçu à Paris, avec sa femme, début 2011 : le journal Paris-Match écrivait en première page : Deux amoureux à Paris". Les entreprises françaises faisaient de bonnes affaires. Et silence sur les tortures.
C'est le langage de nos dirigeants, ici, dans le monde occidental, qui nous trompe, qui est un mensonge. Non, ils ne veulent pas spécialement la démocratie dans les autres pays. Ils préfèrent souvent un dictateur : s'il leur obéit, s'il accepte que les entreprises françaises fassent des affaires, s'il accepte que l'armée française puisse utiliser son territoire, s'il maintient l'ordre, l'obéissance de sa population.
C'est là une des raisons pour lesquelles il y a tant de pays appauvris, où les populations vont très mal. Les pays riches sont riches, aussi, parce qu'ils écrasent les autres de cette manière. En les obligeant à accepter leurs conditions, à s'endetter, à faire de leur pays une base militaire pour des puissants, etc.
En attendant, Al-Joulani, lui, a bien compris tout cela. C'est pour cela qu'il dit ne plus être un terroriste. Tous ses discours sont faits pour que politiciens et capitalistes des pays riches lui fassent confiance. Pour qu'ils comprennent qu'il est du même genre que l'Arabie saoudite ou la Turquie. Il saura alors coopérer avec eux, mais ce sera encore une fois, sur le dos de sa population.
La révolution, c'est autre chose : c'est la population elle-même qui prend les choses en main. Qui se réunit, par quartier, par atelier, qui se choisit ses dirigeants, des gens d'en bas, qu'elle peut contrôler.