397- Espoir : c'est le capitalisme qui n'en a plus

           … tout existe aujourd’hui pour pouvoir vivre autrement. Pour se nourrir, la France, un pays de 68 millions de personnes, n’a plus besoin que du travail de 350 000 personnes, avec des tracteurs guidés par satellite. Le travail d’un seul agriculteur nourrit 200 personnes. Grâce au travail accumulé avec les siècles, tous les humains, sur la planète entière, pourraient, devraient, avoir droit d’office, d’une manière garantie pour tous, dès la naissance, à un logement correct, une nourriture assurée, une santé préservée. Tout ceci serait possible dès aujourd’hui, rien qu’avec les moyens qui existent déjà…

             Jusque dans les années 1970-1980, semblait exister un espoir que les choses, la vie, avec le temps, iraient en s’améliorant. Une partie de la population actuelle a connu cette période. Mais aujourd’hui, on n’entend plus qu’un mot : crise ! Crise du climat, crise du logement, crise de l’école, crise de la démocratie, crise de la dette... On ne voit plus d’espoir. 

            Alors, que valait cet espoir qui pouvait exister il y a 50 ans ? Dans un pays comme la France, on voyait les salaires monter régulièrement. Chaque famille pouvait imaginer voir au moins ses enfants vivre mieux que les parents. Mais il y avait deux raisons à cela, et ces deux raisons n’existent plus. 

            La première raison est qu’il y avait toute une économie à reconstruire, après la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) ; on a appelé cette période les Trente Glorieuses. Le capitalisme avait de quoi faire des affaires en mettant son argent dans les industries, à produire, à construire, à fabriquer. Et cela pouvait être vendu, puisque les salaires n’étaient pas bloqués.

            Et il y avait une deuxième raison. C’est qu’un autre système que le capitalisme existait, en URSS. Ce pays était, certes, une dictature. Mais il avait hérité d’une révolution faite en 1917 par les ouvriers et les paysans. N’ayant pas des capitalistes qui cherchent à gagner sur le dos des salariés, il n’y avait pas de chômage. Les conditions de vie misérable de la population s’étaient améliorées. Et les dirigeants des pays capitalistes, comme la France, se sont sentis obligés de montrer qu’ils pouvaient faire aussi bien. 

            Aujourd’hui, l’URSS n’existe plus. Chaque capitaliste cherche son intérêt égoïste, et serre au maximum les salaires de ses employés et de ses ouvriers. Les salaires qui ne montent pas, une partie de la population ne peut pas acheter grand-chose. Les gros capitalistes sont plus riches que jamais, mais ils préfèrent mettre leurs fortunes gigantesques à spéculer dans la finance douteuse. L’espoir en un avenir meilleur s’efface.

            Alors, les populations se mettent à vouloir voter autrement. On abandonne les anciens partis, on veut voter pour des partis, des hommes nouveaux, ou pour un homme fort : Modi en Inde, Trump aux Etats-Unis, Macron ou Le Pen en France. 

            La dernière fois que le monde a fait cela, c’est à la suite de la crise économique de 1929. En Allemagne, les votes pour le parti de Hitler l’amènent au pouvoir en 1933. En France, les députés donnent un pouvoir de dictature à Pétain en 1940.          

            Pétain dit vouloir « rendre la France aux Français ». Il rend responsables les étrangers de tout ce qui ne va pas. Les personnes qui travaillent dans l’administration et qui sont nées d’un père étranger perdent leur travail. Et il s’en prend aux Juifs : à l’époque, c’était une vieille habitude en Europe.

            Mais tous ces régimes vont complètement respecter les puissants, les grands capitalistes. Et, même dans les pays vaincus, comme en Allemagne, ils vont ressortir de la guerre plus puissants encore.  

            Voter autrement n’aura servi à rien. Car le système est truqué. Il a été construit et entretenu pour que, génération après génération, les puissants et les riches restent riches et puissants. 

            Le capitalisme est redevenu impitoyable. Il veut nous habituer à vivre sans aucun espoir, avec fatalisme, comme au Moyen Âge. Des millions de gens ne comprennent pas ce qui se passe. Pire, chacun pense qu’il est seul responsable de l’échec qu’il ressent dans sa vie. 

            Mais tout existe aujourd’hui pour pouvoir vivre autrement. Pour se nourrir, la France, un pays de 68 millions de personnes, n’a plus besoin que du travail de 350 000 personnes, avec des tracteurs guidés par satellite. Le travail d’un seul agriculteur nourrit 200 personnes. Grâce au travail accumulé avec les siècles, tous les humains, sur la planète entière, pourraient, devraient, avoir droit d’office, d’une manière garantie pour tous, dès la naissance, à un logement correct, une nourriture assurée, une santé préservée. Tout ceci serait possible dès aujourd’hui, rien qu’avec les moyens qui existent déjà.

            Mais au lieu de cela, chacun de nos besoins essentiels est devenu une formidable affaire capitaliste, qui rapporte des centaines de milliards aux actionnaires. Et la concurrence partout, entre les entreprises, entre les pays, les groupes de pays, ne prépare que des guerres. 

            L’Espoir, il vient de ce qu’il est devenu possible de faire aujourd’hui. Il suffira de le vouloir, de le décider, en s’opposant à ceux qui ont intérêt à ne rien changer.

 

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