381- Taïwan : la mèche de la guerre

… Les Américains ont pris l’habitude de faire leurs guerres indirectement : ils s’arrangent pour que cela se passe ailleurs que chez eux. Ou que ce soit une autre armée que la leur, qui se batte. Aujourd’hui, ils font tout pour que l’Ukraine mène une guerre longue, pour affaiblir la Russie. Demain, une guerre entre Taïwan et la Chine serait un très bon prétexte pour qu’ils aillent soutenir Taïwan, en vue d’affaiblir la Chine…

            Pourquoi la Chine et Taïwan ne s’entendent-ils pas ? Y a-t-il vraiment un risque de guerre ? Sommes-nous concernés en France, en Europe ?

            L’histoire a commencé avec la Révolution de 1949 en Chine. Mao Tse Toung prend le pouvoir, avec le soutien des paysans pauvres et sans terres. Le pouvoir des très riches propriétaires de terres est battu. Les militaires qui les défendaient se réfugient sur une île qui fait alors partie de la Chine, à 160 km : c’est l’actuelle île de Taïwan. 

            Le régime de Mao va installer sur le pays une immense bureaucratie liée à son parti, soi-disant communiste. Et à Taïwan, s’installe une dictature militaire terrible, avec le général Tchang Kaï Chek. Chacun de son côté déclare qu’il n’y a qu’une seule Chine. Et chacun prétend qu’il règlera son compte à l’autre.

            Taïwan ne fait pas le poids, car la population chinoise est alors cent fois plus nombreuse que la sienne. Mais les Etats-Unis font le choix de soutenir Taïwan. Pour contrer l’existence de l’URSS, ils soutiennent n’importe quel régime qui s’oppose à ceux qui se disent communistes. C’est donc avec l’argent et les armes américaines que Taïwan existe. Et les Américains vont pouvoir s’en servir comme base militaire pour leur guerre au Vietnam, en 1965.

            Les choses changent dans les années 1970. Le président américain Nixon décide de faire de la Chine un allié. Il fait reconnaître la Chine à l’ONU, et un grand nombre de pays coupent leur relation avec Taïwan. Dans les années 1980, des luttes difficiles ont lieu à Taïwan pour faire reculer la dictature. On peut alors espérer qu’une réunification avec la Chine soit un jour possible.

            Seulement voilà. Une Chine redevenue capitaliste, c’est très bien, c’est ce que voulaient les Américains, ou les Européens. Mais la Chine fait mieux que cela. Elle se développe à grande vitesse et devient un concurrent même pour les Etats-Unis. Elle menace maintenant de les doubler, eux, le numéro un mondial.

            Or, dans le capitalisme, la place de numéro un est essentielle. Elle donne les moyens de dominer de bien des manières. Avec le dollar, par exemple, comme c’est la monnaie la plus utilisée dans le monde, sa valeur est plus forte, automatiquement, par rapport aux autres monnaies. Et grâce à leur dollar plus fort, les Américains achètent moins cher tout ce qui vient du reste du monde.

            C’est Obama qui, le premier, a décidé de commencer une guerre économique à la Chine, pour l’empêcher de devenir plus puissante que les Etats-Unis. Il a mis en place des taxes, des interdictions de commercer. Et si la concurrence ne suffit pas, il y a la guerre tout court.

            Les Américains ont pris l’habitude de faire leurs guerres indirectement : ils s’arrangent pour que cela se passe ailleurs que chez eux. Ou que ce soit une autre armée que la leur, qui se batte. Aujourd’hui, ils font tout pour que l’Ukraine mène une guerre longue, pour affaiblir la Russie. Demain, une guerre entre Taïwan et la Chine serait un très bon prétexte pour qu’ils aillent soutenir Taïwan, en vue d’affaiblir la Chine.

            Face à la Chine, les Etats-Unis ont aussi mis en place une alliance militaire : avec le Japon, l’Inde, l’Australie : le Quad (dialogue quadrilatéral pour la sécurité). Ce Quad a été rejoint par la France. La France dit qu’elle possède la 2è surface de mers au monde, autour de ses îles du Pacifique, et qu’elle doit les défendre. Et donc, toutes ces armées font des exercices militaires, et s’entraînent ensemble, face à la Chine.

            Le capitalisme a apporté un progrès important à la Chine, en la faisant sortir en grande partie de la misère. Mais avec sa logique catastrophique de concurrence, il nous ramène, une fois encore, vers un nouveau danger de guerre. Après deux guerres mondiales entre les grandes puissances en concurrence au 20ème siècle, il nous propose pour le 21ème la menace d’une guerre nouvelle pour la domination du monde.

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