...Entre la Russie et l’OTAN, il n’y a plus maintenant que l’Ukraine. Voilà ce qui inquiète Poutine. On nous dit qu’on ne sait pas ce qu’il veut. Mais ce qu’il veut, il le dit : il veut un engagement cette fois écrit de l’OTAN qu’elle ne va pas rallier l’Ukraine. On nous montre des images des militaires russes pour nous convaincre que c’est la Russie qui menace d’agresser. Mais c’est d’abord le vieux monde capitaliste qui a été incapable de profiter de l’histoire pour se désarmer un peu. Pire, silencieusement, patiemment, il a construit une situation de plus en plus agressive et dangereuse...
Bien difficile d’y comprendre quelque chose, à ce qu’il se passe du côté de l’Ukraine. Jour après jour, on nous explique que le méchant Poutine, grand chef dictateur depuis vingt ans de la Russie, a conservé dans sa tête des envies de reformer l’empire que pouvait être l’URSS d’avant 1990. Et que c’est pour cela qu’il a massé une armée formidable à la frontière de l’Ukraine. Et pour après jour, on nous répète que le gentil démocrate américain Biden nous prévient qu’on est à la veille d’une guerre terrible.
Un peu d’histoire peut nous aider. En 1917, la Russie avait connu une immense révolution ouvrière et paysanne. D’autres pays proches ont décidé de la rejoindre pour former l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques). L’Ukraine avait aussi fait ce choix, en 1922, car la population paysanne pauvre était exploitée durement par de gros propriétaires de terres, eux-mêmes proches des tsars de Russie.
Grâce à cette révolution, un système quand même nouveau, différent du capitalisme, s’est mis en place. Le chômage y était à peu près supprimé, les ouvriers mieux traités. Malheureusement, la révolution n’a pas été assez forte pour gagner ses objectifs : en finir avec l’exploitation. Et de nouveaux dirigeants ont mis en place une forme de dictature.
Qu’il y ait une dictature en URSS n’a jamais vraiment gêné les dirigeants du reste du monde capitaliste. Ils le dénoncent aujourd’hui, mais ils s’en moquaient à l’époque. Non, ce qui les gênait, c’est qu’un autre système que le capitalisme existait, montrait que le capitalisme n’était pas la seule possibilité. D’autant que l’URSS était devenue le numéro deux mondial, derrière les Etats-Unis. Et ce système les obligeait à améliorer les salaires chez eux, à apporter des protections sociales comme il y en avait en URSS.
Voilà pourquoi, face à l’URSS, les dirigeants capitalistes ont multiplié des guerres indirectes, attaquant tous ses alliés. En 1949, ils y ont ajouté une immense alliance militaire : l’OTAN, qui va rallier contre l’URSS l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest, avec des tonnes de bombes atomiques.
En 1990-1991, l’URSS donne des signes de faiblesse, de crise politique ; crise qui va voir ses alliés en Europe de l’Est se séparer d’elle. Les dirigeants du monde occidental promettent à son dirigeant de l’époque, Gorbatchev, de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est, de ne pas menacer ses frontières.
L’URSS s’effondre, l’Ukraine et les autres s’en séparent, la Russie seule se retrouve très affaiblie. Que font les dirigeants du monde capitaliste ? Eux qui nous disent matin et soir être de grands amoureux de la paix, non seulement, ils ne défont pas l’OTAN, mais ils vont travailler à l’étendre, année après année : 1999, ils font adhérer la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie ; 2004 la Bulgarie, les trois pays Baltes, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie ; jusque 2020 la Macédoine du Nord.
Entre la Russie et l’OTAN, il n’y a plus maintenant que l’Ukraine. Voilà ce qui inquiète Poutine. On nous dit qu’on ne sait pas ce qu’il veut. Mais ce qu’il veut, il le dit : il veut un engagement cette fois écrit de l’OTAN qu’elle ne va pas rallier l’Ukraine.
On nous montre des images des militaires russes pour nous convaincre que c’est la Russie qui menace d’agresser. Mais c’est d’abord le vieux monde capitaliste qui a été incapable de profiter de l’histoire pour se désarmer un peu. Pire, silencieusement, patiemment, il a construit une situation de plus en plus agressive et dangereuse.
Alors, ne nous laissons pas avoir. Le dirigeant russe Poutine est sans doute un sale type. Mais nous n’avons pas pour autant à soutenir, ni l’OTAN, ni la France qui en fait partie et qui rêve déjà d’envoyer des troupes en Roumanie.