Cet ouvrage stimule la réflexion. Les auteurs ont un côté ouvertement provocateur qui n’aide pas toujours, et peut même dérouter le lecteur. Ainsi, lorsqu’ils affirment qu’il n’y a pas eu de « commencement » à l’existence des Etats. Mais cela nous pousse à regarder dans le détail les diverses formes de domination telles qu’elles sont apparues ici ou là, (et qui ont pourtant bel et bien donné naissance à des Etats) : des formes étonnantes où l’Etat n’existe que selon les saisons, d’autres où l’autorité suprême ne s’exerce que dans les limites physiques que le souverain peut lui-même parcourir, certaines qui prennent la forme d’une multitude autorités locales sans aucune centralité.
Le côté le plus positif est peut-être dans l’étude qui nous est offerte de toutes ces villes qui ont émergé, effectivement, sans Etat : « Quant aux populations urbaines, concluent nos auteurs, elles paraissaient dotées d’une remarquable capacité à s’autogouverner selon des modes qui, sans être tout à fait « égalitaires », étaient à coup sûr beaucoup plus participatifs que dans n’importe quelle administration municipale moderne. Les empereurs ne voyaient généralement pas de raisons d’interférer, puisqu’ils se moquaient pas mal de savoir comment leurs sujets nettoyaient leurs rues ou entretenaient leurs fossés de drainage. »
Une lecture foisonnante et stimulante.