391- Israël : une politique qui alimente l'antisémitisme

…Israël aurait pu changer de politique. Fort de son nouveau prestige, il aurait pu montrer au monde qu’il pouvait offrir aux Palestiniens sur son sol un sort équitable et fraternel. Mais il choisit de continuer sa politique de domination. Les Palestiniens des territoires qu’il occupe sont considérés sans nationalité. On continue de les séparer, de leur interdire de se déplacer, de les soumettre aux contrôles incessants de l’armée. Ils n’ont pas le droit de construire de logement. Des centaines de milliers de logements, jugés illégaux, ont été démolis depuis 1948…

L’Etat d’Israël se veut être le protecteur des Juifs, car ils ont longtemps subi l’antisémitisme. Il y a eu des siècles de persécutions par l’Eglise en Europe, avec des pogroms, des massacres racistes, en Europe de l’Est. Il y a eu plus de 5 millions de Juifs exterminés par les régimes nazis d’Allemagne et leurs alliés en Europe entre 1939 et 1945. La création d’Israël en 1948 devait offrir aux Juifs du monde la garantie d’être enfin protégés.

Mais que s’est-il passé ? Au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, Juifs et Arabes vivaient depuis très longtemps côte à côte, parfois même tout à fait mélangés, souvent en bonne entente. Mais Israël a été créé sur une terre habitée, la Palestine. Cela a provoqué une hostilité de la part des populations arabes.

Cette hostilité n’était pas une hostilité contre les Juifs parce qu’ils sont juifs. C’était une hostilité con-tre cette nouvelle situation. Car 750 000 Palestiniens avaient dû fuir. Ils ont été au Liban, en Jordanie, dans des camps de réfugiés, qui existent encore, 75 ans après.

En Israël, les dirigeants sionistes présentaient les populations arabes comme un danger de vie ou de mort. Et ils ont demandé aux jeunes Israéliens de se comporter en guerriers : service militaire long et obligatoire, y compris pour les femmes.

Ces dirigeants auraient tout à fait pu donner une place égale aux Palestiniens restés sur place. Mais non, ils vont en faire des citoyens de seconde zone : ils vont chercher à reprendre les terres à ceux qui en avaient ; ils vont leur interdire de se déplacer sans autorisation de l’armée. Ils vont construire un pays à deux vitesses, avec moins de services publics dans les quartiers palestiniens. Ils ont interdit aux réfugiés de revenir sur leur lieu d’habitation d’avant 1948. Ils ont tout fait pour séparer les Juifs des Palestiniens.

Mais, dans les pays riches, rares sont ceux qui critiquent ces pratiques. C’est que les dirigeants en Europe ont sur les mains le sort fait aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Et Israël va en profiter pour poursuivre tranquillement sa politique injuste.

En 1967, contre ce qu’il appelle la « menace arabe », Israël lance une guerre qu’il dit préventive contre ses voisins, Egypte, Syrie, Jordanie. Grâce aux armes américaines, il triple son territoire en 6 jours. Les Israéliens en sortent très fiers. Mais pour les populations arabes, c’est une lourde humiliation.

L’ONU exige qu’Israël retire ses soldats de ces territoires. Israël s’en moque. Fort de sa victoire sur trois armées à la fois, il sait qu’il est devenu une force utile au monde occidental, son bras armé dans une région riche en pétrole.

Israël aurait pu changer de politique. Fort de son nouveau prestige, il aurait pu montrer au monde qu’il pouvait offrir aux Palestiniens sur son sol un sort équitable et fraternel. Mais il choisit de continuer sa politique de domination. Les Palestiniens des territoires qu’il occupe sont considérés sans nationalité. On continue de les séparer, de leur interdire de se déplacer, de les soumettre aux contrôles incessants de l’armée. Ils n’ont pas le droit de construire de logement. Des centaines de milliers de logements, jugés illégaux, ont été démolis depuis 1948.

L’hostilité des populations arabes commence à devenir une haine. Différents partis vont commencer à réagir par la violence. Puis c’est la population palestinienne elle-même, qui se révolte en 1987. Désespérés, les jeunes visent les soldats israéliens avec des pierres, c’est l’Intifada. Des négociations sont finalement menées, entre l’Organisation de Libération de la Palestine, l’OLP, et Israël ; chacun dit reconnaître l’autre et son droit d’exister.

Mais Israël va faire du territoire des Palestiniens, en Cisjordanie et à Gaza, une série de miettes. Il aide des colons juifs à s’y installer. Les colons étaient 10 000 en 1972. Ils sont aujourd’hui près de 700 000. Ils ont des routes à eux, protégées par l’armée. Pendant que les Palestiniens sont enfermés dans des petites enclaves, avec 700 km de murs.

Ce qui était dans les années 1950 une hostilité à l’Etat d’Israël est devenu, au bout de 70 ans, une haine des Juifs eux-mêmes. Pour une partie de plus en plus importante des populations arabes, ils sont rendus tous responsables du sort fait aux Palestiniens. En clair, un antisémitisme arabe s’est mis en place, qui n’existait pas ainsi avant la création d’Israël.

La politique de domination choisie par les gouvernements israéliens a alimenté l’antisémitisme. Elle a contribué à mettre en danger les Juifs d’Israël et dans le monde, au lieu de créer un climat de paix et de sécurité.

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